Voici un article que je vous recommande sur le destin du dessin animé connu mondialement, je veux bien sur parler de Fantasia.
"1940. Walt Disney n'a encore à son actif qu'un long métrage, 'Blanche-neige et les sept nains', quand il se lance dans la réalisation, la création plutôt, d'un projet fou. Mettre en images ses rêves et ses visions dans sept courts-métrages conçus autour de grandes œuvres de la musique classique dont il est un grand amateur : 'Le sacre du printemps' de Stravinsky, 'Casse-noisette' de Tchaïkovski, 'La nuit du Mont-chauve' de Moussorgski ou 'l'Ave Maria' de Schubert…
Certains ne sont constitués que de formes abstraites colorées qui s'animent au rythme de 'la Toccata et Fugue en ré mineur' de Bach ou de la 'Symphonie pastorale' de Beethoven. D'autres, et ce sont les plus connus, mettent en scène des personnages dans des historiettes fidèles à l'univers Disney. C'est le cas du célèbre 'Apprenti sorcier', sur la musique de Paul Dukas, où Mickey s'improvise magicien et se retrouve débordé, incapable de maîtriser ce qu'il a déclenché. Ou de 'la Danse des heures' de Ponchielli, où des autruches et des hippopotames se répondent dans un gracieux ballet.
A sa sortie, quelques jours avant l'attaque de Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, 'Fantasia' ne passionne pas les foules. C'est l'échec pour le troisième film de Disney (après 'Blanche-neige' et 'Pinocchio' qui sort début 1940). Pourtant, cette œuvre originale dans l'univers de l'animation est primée deux fois à l'Oscar. Pour de nombreux auteurs et critiques, c'est une œuvre d'art d'un genre nouveau. Un pont inédit entre différentes disciplines artistiques, à l'origine de tout une série d'avancées technologiques, notamment sur le son avec le fameux Fantasound. Une première technique qui multiplie les micros pour enregistrer le Philarmonique de Philadelphie.
Avec le temps, l'expérimental 'Fantasia' est devenu un classique. A tel point que le neveu de Walt Disney, Roy Edward, lui a même offert une suite, en 2000, en créant six nouvelles pièces musicales sur le même principe et en relançant 'l'Apprenti sorcier'.
L'audace a donc payé. Disney tient sa devise : « Pour réaliser une chose vraiment extraordinaire, commencez par la rêver ». Et l'un des vœux du dessinateur-producteur est de pouvoir travailler avec les peintres surréalistes. A cette époque, le plus connu d'entre eux n'est autre que Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, 1er Marquis de Púbol, connu aussi sous le patronyme de Salvador Dalí. Le peintre achève alors sa collaboration avec un autre géant de l'image : il vient en effet de dessiner la séquence du rêve (qui durait initialement 20 minutes) dans 'La maison du docteur Edwardes', avec Ingrid Bergman et Gregory Peck.
Le projet de Disney se concrétise en 1945, lors d'un dîner à New York. Entre Dali et lui va naître une indéfectible amitié autour de 'Destino'. Sur une rengaine populaire mexicaine, ce court-métrage raconte une histoire d'amour contrariée entre une danseuse et un personnage étrange, mi-joueur de base-ball/mi-Dieu antique. « Un exposé magique des problèmes de la vie dans le labyrinthe du temps », résume l'artiste avec son imitable accent.
Huit mois durant, les deux hommes vont dessiner le story-board. Sans doute le plus inouï jamais produit par les studios Disney. Mais ce projet sera finalement abandonné dans le courant de l'année 1946, officiellement en raison de difficultés financières. A l'époque, l'on murmure aussi que le résultat aurait un peu effrayé Walt Disney. John Hench, en charge de ce court-métrage, n'aura eu le temps de monter que quelques secondes du film avant d'être contraint de ranger cet ovni dans un placard du studio.
En 1999, Roy Edward Disney, encore lui, exhume 'Destino'. Cette fois, il veut mener ce projet à terme et montrer à quel point l'univers de son oncle et de Dali peuvent fusionner en toute harmonie. Ainsi confie-t-il la réalisation au Français Dominique Monféry du studio Disney France. S'appuyant sur les notes laissées par la femme de Dali, Gala, et par John Hench lui-même, une équipe de 25 personnes a repris le story-board original et réalisé l'animation que l'on peut découvrir aujourd'hui en bonus de 'Fantasia 2000'. Incontestablement une rareté à découvrir dans la version Blu-ray, accompagnée d'un passionnant documentaire sur la longue relation qui lia deux légendes du XXème siècle.
Véronique Le Bris
Source: evene.fr"